C’est quelque chose que vous avez surement déjà expérimenté après un joint : l’envie quasi irrépressible de vider n’importe quel paquet de biscuit, de céréales ou autres. En bref : la fameuse « dalle post-bédo », aussi connue sous le nom de «foncedalle», habile contraction de foncedé et de dalle.

Mais alors pourquoi cette faim intense, alors même que vous avez parfois déjà mangé peu de temps avant de fumer ?

Un réseau neuronal dupé

Des scientifiques américains de la Yale School of Medicine ont commencé à percer ce mystère en 2015 : durant plusieurs mois, ils ont observé le cerveau de souris ayant ingéré du THC (une des principales substances actives du cannabis), et sont ainsi parvenus à identifier le réseau de neurones responsables de cet effet et l’influence du cannabis sur ce dernier.

Leur étude, publiée dans la revue Nature, dévoile qu’il s’agit d’un groupe de cellules nerveuses connues sous le nom de « POMC » (pour pro-opiomelanocortin). Ces dernières régulent l’appétit et envoient un message de satiété au cerveau lorsque le sujet est à satiété. C’est donc notamment grâce à ces neurones, situés dans l’hypothalamus, que nous ne mangeons pas continuellement pour satisfaire une faim insatiable.

Or, chez les souris ayant ingéré du cannabis, les chercheurs ont observé une inhibition de ce circuit neuronal, comme s’il était « désactivé ». Les neurones POMC disposeraient en effet de récepteurs sensibles aux cannabinoïdes, nommés CB1R : en se fixant dessus, le THC stopperait leur action inhibitrice de la faim.

Souris

« Nous étions surpris de voir que ces neurones, qui d’habitude suppriment l’appétit, pouvaient soudainement envoyer des messages de faim, et ce même si le sujet est totalement repu. C’est comme si le cannabis dupait tout le système nerveux responsable de l’alimentation », expliquent les chercheurs. 

Des applications thérapeutiques prometteuses

En plus de leur valeur scientifique intrinsèque, ces travaux pourraient guider de futures recherches sur des médicaments traitants les troubles de l’alimentation.

Dans certains pays et notamment aux Etats-Unis, le Dronabinol (du THC synthétisé en laboratoire) est déjà utilisé pour limiter le manque d’appétit très souvent ressenti par les patients traités en chimiothérapie ou en trithérapie. Mais ces nouveaux éclairages pourraient permettre d’aller plus loin, et de concevoir de nouveaux traitements contre l’anorexie et la boulimie, en agissant sur le réseau neuronal POMC.

Cela n’est pas pour tout de suite, car de nouvelles études sont nécessaires pour mieux cerner le fonctionnement exact de ces neurones, mais cette nouvelle piste semble très prometteuse. 

Ainsi, la prochaine fois que vous aurez une fringale d’après joint, vous saurez que c’est parce que certains de vos neurones ont été trompés par le THC ! 

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Sources :

  • Ipubli.inserm.fr 
  • sciencedocs.org 
  • e-santé.fr
  • sciencealert.com
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