Nous vous parlions dans un précédent article des retards accumulés dans la mise en œuvre de l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France (pourtant annoncé dès fin 2019) et notamment du décret d’application de cette loi, dont la parution était sans cesse repoussée.

Ce dernier a finalement été promulgué le vendredi 9 octobre, ouvrant enfin la voie aux débuts de l’expérimentation.

Un protocole précis

L’expérimentation du cannabis thérapeutique en France doit donc démarrer officiellement d’ici mars 2021. Elle concernera quelque 3000 patients atteints de maladies graves, notamment de sclérose en plaques, de certaines formes d’épilepsie, de douleurs neuropathiques aiguës ou encore d’effets secondaires liées à une chimiothérapie.

Le cannabis à fumer est, comme l’on aurait pu s’y attendre, totalement exclu du protocole. Les produits testés se présenteront sous la forme d’huiles, de gélules ou bien de fleurs séchées à vaporiser. L’accès à ces derniers sera de plus très encadré : la première prescription ne pourra se faire que par un médecin spécialiste (un neurologue par exemple) et seulement au sein des établissements hospitaliers et centres choisis pour participer à l’expérimentation.

C’est donc le soulagement qui prédomine chez nombre de patients, agacés voir désespérés par l’immobilisme en la matière. Certains regrettent cependant que cette expérimentation commence si timidement : « 3000 malades, bien sûr que c'est peu, trop peu.

Nous, patients, voyons cela comme une expérimentation avant élargissement, et des pathologies concernées, et du nombre de bénéficiaires » affirme la présidente « d’apaiser », une association regroupant 500 malades atteints de syringomyélie, une maladie de la moelle épinière. Elle dit recevoir quotidiennement des mails de personnes lui demandant comment se procurer du cannabis médical…

Le financement toujours attendu

Si la parution du décret est maintenant chose faite, il reste cependant un point qui n’est toujours pas résolu au moment où ces lignes sont écrites : celui du financement.

Aucun budget n’est en effet prévu pour assurer le bon déroulement de l’expérimentation (formation des médecins, approvisionnement…). Béchir Saket, porte-parole de l’ACT (collectif alternative pour le cannabis à visée thérapeutique) a donc interpellé le gouvernement sur cette question et l’a enjoint à se positionner rapidement sur un budget suffisant.

Un contexte particulier

Difficile de ne pas voir une certaine forme de dissonance entre la parution de ce décret, et celui mettant en place l’amende forfaitaire de 200€ pour les usagers de cannabis paru le 1er septembre dernier…

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait déclaré à cette occasion s’opposer à la légalisation du cannabis qu’il qualifiait de « merde ».

Espérons cependant que l’expérimentation du cannabis thérapeutique puisse contribuer à changer certains regards sur cette plante, et que cette première victoire en amène d’autres.

Plus d’articles sur la législation autour du cannabis ici.

Sources :

  • Pourquoidocteur 
  • Le Parisien
  • Le Monde
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